VALDÉS,
Miguelito (La Havane 1910-Bogota 1978)
Né
dans le barrio Belén de la zone portuaire de La Havane, Miguelito,
fils d'un espagnol et d'une indienne Maya, orphelin de père, doit dès
ses plus jeunes années assurer le maintien économique de la famille.
Il s'engage comme tôlier dans un garage et se fait parfois forgeron pour
améliorer l'ordinaire. Dans un autre quartier où sa mère
s'en va vivre, Cayo Hueso, il fréquente les fêtes populaires des solares et y rencontre de futures étoiles de la musique cubaine,
"Chano" POZO,
Félix CHAPOTTÍN
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Ses vraies passions sont la boxe et
la musique. Il joue indifféremment de la contrebasse, du tres,
de la guitare ou même des timbales.
Mais surtout, Miguelito chante. En 1927 il entre dans le "SEXTETO
HABANERO Juvenil", fait les choeurs pour María Teresa VERA,
et c'est comme chanteur et contrebassiste qu'il rejoint en 1928 le Sexteto "Los
JÓVENES del CAYO" aux côtés de Domingo VARGAS, fondateur. Transformé en Septeto
le groupe avec VALDÉS se fait entendre sur les ondes de Atwater Kent. A cette époque Miguelito est influencé par certains thèmes des cantantes, lorsqu'ils se plaignent de l'oppression, de l'abandon de la conscience nationale. Il s'exprime aussi à travers la guaracha qui reprend ces thèmes. Miguelito quitte le groupe pour "Los MARQUESITOS" où il tient aussi la contrebasse puis passe en 1933 dans le camp des charangas chantant avec celle de Ismael DÍAZ sur Radio Ponte en 1930 et dans la "ORQUESTA GRIS" lorsque Fernando COLLAZO quitte cette formation. Cette année il chante avec les "Hermanos HERNÁNDEZ" qui l'entraînent vers Panamá. Miguelito se fait remarquer par ses qualités vocales et est engagé par l'orchestre du panaméen Lucho Azcarraga. Les messages circulent bien dans la Caraïbe et dès son retour le grand orchestre "Hermanos CASTRO" l'attend. Ce Tipo Jazz band est, en cette moitié des années trente, l'une des meilleures formations de ce type à Cuba. Parallèlement il fait partie avec "Rapindey" du "TRIO OCCIDENTE" qui se produit au Teatro Prado et des "RED DEVILS" qui animent le balneario El Progreso. |
De l'éclatement de l'orchestre "Hermanos CASTRO" en 1937 naît le "CASINO de la PLAYA" dont Miguelito va être membre fondateur avec le trompettiste Walfredo del los REYES et le pianiste Anselmo SACASÁS. Parmi les tous premiers enregistrements de Miguelito avec son nouveau groupe figure un excellent lamento de Arsenio RODRÍGUEZ, "Bruca Manigua". Casino de la Playa. "Bruca Manigua". Voix Miguelito Valdés. >>>> La session d'enregistrement à lieu au Cabaret Montmarte. Ce style convient parfaitement à la personnalité
de VALDÉS et s'inscrit dans la logique de ses débuts. Il
poursuivra dans ce sens avec "Negro de sociedad ", "Macurije"
Mais au sein du "CASINO de la PLAYA" Miguelito est capable d'aborder tous les genres et les nombreux enregistrements du conjunto entre 1937 et 1940 permettent d'entendre des congas de sa composition,
"Los Venecianos" ; des pregones "Se va el caramelero"
; des Sones, "Suavecito " ; des rumbas ;
des guarachas. |
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En 1937 Miguelito offre sa voix au "SEPTETO NACIONAL" pour les enregistrements de trois thèmes "A la Loma de Belén", "Bururum bararam" et "Me han quema'o". |
Archives Miguelito Valdés. | L'année 1939 est presque entièrement
consacrée à une grande tournée dans toute la Caraïbe et au Venezuela.. Miguelito VALDÉS
reprend "Mister Babalú", l'enregistre avec CUGAT.
Le succès est immédiat et VALDÉS s'ouvre ainsi les
portes de l'histoire. Miguelito est désormais Mister Babalú. |
Il se déplace jusqu'à Hollywood
pour participer à deux films, Suspense et Panamericana en
1942 mais se querelle avec CUGAT. Miguelito VALDÉS s'envole
vers d'autres horizons et retrouve MACHITO. Très vite une collaboration
naît, Miguelito se produit avec les "AFROCUBANS " de MACHITO dans divers clubs de Harlem ou du Barrio latino,
La Conga, La Martinique, Mocambo... Et en cette même année un enregistrement en marque le succès. VALDÉS est bien mis en valeur par les "AFROCUBANS" dont la remarquable section rythmique apporte la dimension afro-cubaine dont l'orchestre de CUGAT était dépourvue et qui convient bien mieux au style de Miguelito. De ces enregistrements avec l'ensemble "MACHITO and his AFROCUBANS", il faut retenir "Rica Pulpa", "Zarabanda" et surtout "Nague" , de "Chano" POZO. |
Miguelito Valdés avec Machito en 1942 à New York. Archives Tumbao, Barcelona. |
En 1942 il gagne México où il chante sur les ondes de X.E.W et au Teatro Follies où il recidive en 1945. De son séjour mexicain reste une douzaine de films dans lesquels il intervient. Il collabore également avec le "CONJUNTO CASINO" qui passe une année au Mexique et enregistre avec plusieurs formations dont celle de Arturo NUÑEZ.VALDÉS. Il reste jusqu'en 1944 au Mexique puis rentre à New York.
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Après un nouveau saut à Mexico pour graver quatre titres, sa maison de disques envoie Miguelito enregistrer à La Havane où il devient la grande vedette de RHC Cadena Azul. Au cours de ces représentations il retrouve son vieil ami le tamborero et rumbero "Chano" POZO. Il est probable qu'il joue un rôle essentiel dans la décision de "Chano" de partir pour New York. De retour à New York Miguelito chante au Havana Madrid, au Teatro Hispano et se joint à son ami Anselmo SACASAS pour monter leur propre orchestre puis organise une nouvelle formation en Californie. VALDÉS enregistre avec un ensemble personnel en 1949 une nouvelle version de "Mister Babalú" et d'autres thèmes afro-cubains. A Cuba où il voyage fréquemment il chante sur Radio Cadena Azul avec l'orchestre de Gilberto VALDÉS. Avec Chano Pozo. |
Miguelito Valdés, "Babalu Ayé".
Après la mort de "Chano", en 1949, Miguelito lui rend hommage en chantant "Chano Pozo", composition du conguero Carlos VIDAL qui rejoint son orchestre. Miguelito Valdés, "Chano Pozo" . 1949. >>>> Il retrouve le Teatro Hispano et voyage une nouvelle fois à Panamá et se produit à San Juan de Puerto Rico pour l'inauguration de l'hôtel Caribe Hilton. En 1951 Miguelito enregistre avec l'orchestre du Portoricain Noro Morales.
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En 1977 le Mexique l'accueille
et il en profite pour retrouver la "SONORA MATANCERA"
pour l'enregistrement de vingt deux thèmes. L'année suivante, de nouveau au Mexique il souffre d'un infarctus. Après sa récupération Miguelito VALDÉS participe à un hommage qui lui est rendu au Roseland Ballroom puis rejoint les membres de la Fania à Puerto Rico. Il enchaîne une tournée en Colombie avec des enregistrements à Bogota. Dans cette ville, Mister Babalú s'écroule, foudroyé en plein concert dans le Salon Monserrate de l'Hôtel Tequendama. |
© Patrick Dalmace