Orquesta Antonio María ROMEU

Le pianiste Antonio María ROMEU fonde son orchestre en 1911. Parmi ses partenaires figurent le flûtiste Alfredo BRITO, le violoniste Feliciano FACENDA, le contrebassiste José CALAZÁN, le timbalero Remigio VALDÉS et l'indispensable güiro est confié à Félix VÁZQUEZ puis à José de la MERCED .

La formation évolue et introduit même un saxophone confié à BRITO. En 1915 elle accède aux studios d'enregistrement de la Columbia et de la Victor et laisse un nombre important d'enregistrements depuis «Diana en la carte » jusqu'à «Los Parados » parmi lesquels plusieurs relèvent de l'autorité de Antonio María: « El Gallo tapado », «La contesta de Mercedes », « María Luisa »…. Un grand nombre sont des compositions du frère de Antonio María, le saxophoniste Armando ROMEU MARRERO qui, dès 1912, collabore avec Antonio María : « La Gloria Eterna », « Rosina y Virginia », « Salambo»… Au cours de cette décennie l'orchestre de ROMEU devient l'un des plus dynamiques et des plus prisés de l'île et joue dans toutes les sociétés récréatives, les académies…

Les idées de ROMEU vont au delà de celles des plus anciens directeurs de tipicas ou de charangas . Il introduit de nouveaux instruments, notamment le saxophone que BRITO alterne alors avec la flûte jusqu'à son départ du groupe en 1922. Il est remplacé par le flûtiste Francisco DELABART et Armando ROMEU MARRERO intervient de plus en plus au saxophone, mais aussi dirigeant les formations annexes que Antonio María doit constituer pour faire face à la demande. Francisco se saisit aussi des innovations de ROMEU, qui introduit les solos dans ses compositions, pour briller et se faire un surnom "Pancho flauta mágica".

Francisco Delabart.

Durant cette décennie un second violon renforce les cordes. Il est tenu par le fils de ROMEU, Antonio María Jr. Plus de 250 enregistrements sont réalisés jusqu'en 1925 et Antonio est de plus en plus présent comme compositeur. Sa charanga est l'une des plus en vue de ce milieu de décennie.



Une des versions de la charanga de Romeu au cours des années vingt dans les locaux de la Cuban Telephone.
Facenda, Romeu Jr., Delabart, Antonio María et le güirero Juan.

Mais dès ce milieu des années vingt s'annonce une évolution dans les goûts du public cubain enthousiasmé par le Son mais aussi par le foxtrot, le charleston.... Le danzón décline mais ROMEU est de ceux qui parviennent à résister non sans devoir poursuivre ses adaptations et notamment renforcer le rôle du saxophone pour concurrencer la trompette des soneros, faire dialoguer la flûte et la clarinette puis valoriser le güiro … La charanga de ROMEU joue toutefois régulièrement. Elle est à l'affiche du club privé La Casa de los 20 dans la vieille Havane en 1927. ROMEU et sa formation renouent avec les studios cette même année en partie à Cuba mais surtout à New York où elle se rend en milieu d'année. Plus de vingt titres sont enregistrés. BRITO et Armando sont du voyage.


La charanga vers 1927 avec Armando au saxophone.

La faiblesse du danzón face au Son résulte aussi de l'absence de partie vocale et en 1930 le répertoire s'enrichit d'une nouvelle évolution du danzón, le danzonete , qui comporte une partie vocale. Le public revient vers les charangas et celle de ROMEU visite l'intérieur de l'île. Elle incorpore entre 1933 et 1934 la voix de Pablo QUEVEDO. S'ouvre une nouvelle période faste pour le groupe qui multiplie les passages sur les ondes notamment sur Radio Progreso avec qui l'orchestre passe un contrat en 1934.
La formation se produit régulièrement à La Tropical et à La Polar et les plus belles voix cubaines, dont certaines sont issues des formations soneras, viennent apporter leur concours à ROMEU.
On entend ROMEU animer les fêtes des principales sociétés de la capitale: En 1932 l'orchestre joue pour la Société Estudiantil Cervantés, Atlantic Sport, La Pilar, les Belmontinos, les Cocineros,

 

Le grand concours de danzones de 1935 voit la victoire de la "ORQUESTA Antonio María ROMEU" qui triomphe aussi sur les ondes de la CMBC El Progreso Cubano à toutes les heures du jour et de la nuit, week end compris, dans divers programmes comme La Hora Intima pour lequel il demande à Franck EMILIO, encore peu connu, de tenir le piano; ou encore celui patronné par la General Electric ou encore accompagnant le "TRIO GARCÍA" dans le programme El Gallo.

De grands enregistrements de danzonetes sont réalisés en 1930 et 1931 avec les voix de Fernando COLLAZO et Claudio GARCÍA, de Rogelio MARTÍNEZ et Carlos Manuel "CAÍTO" DÍAZ, avec celles de Miguel MATAMOROS et Siro RODRÍGUEZ ou encore de Antonio MACHÍN et Daniel SÁNCHEZ et même "Guyún".
La "ORQUESTA ROMEU ", pour réaliser ces enregistrements, se retrouve dans sa formation classique : le piano de Antonio María; les violons de Feliciano FACENDA et de "Pichulín", le fils de ROMEU; Francisco DELABART à la flûte; Juancito aux pailas; José CALAZÁN à la contrebasse et Félix VÁZQUEZ au güiro.
Parmi les meilleures plages enregistrées à ce moment on trouve "Boca Linda" avec COLLAZO et GARCÍA, "Caminando se va lejos" avec MATAMOROS et Siro RODRÍGUEZ. D'une manière générale c'est COLLAZO le chanteur attitré du groupe jusqu'en 1934. L'orchestre continue toutefois de jouer des danzones dans ses présentations en public.

Barbarito DÍEZ entre alors dans la "ORQUESTA ROMEU " au sein de laquelle le violoniste Pedro HERNÁNDEZ a remplacé FACENDA. On entend la charanga sur les ondes de Radio Progreso, de Radio Casa Laporte, dans les bailables à La Polar ou La Tropical.
Le répertoire du groupe s'étend au Bolero-Son tandis qu'à côté des danzonetes, le danzón avec la partie chantée reprend vie. La voix de Barbarito restera fixée sur de nombreux enregistrements de la fin des années trente comme "Dime que me amas", un bolero ; "El bombonero", un danzonete ; "Partiendo coco" un danzón de ROMEU.

Vers 1940 ROMEU réorganise son orchestre qui devient la "ORQUESTA GIGANTE ". Il introduit un violoncelle, une clarinette, un trombone, une trompette. De 1941 à 1946 la "ORQUESTA GIGANTE " pénètre plusieurs fois dans les studios, le plus souvent sans Barbarito DÍEZ, pour enregistrer des danzones composés par Antonio María, sans partie vocale. "Oriente y Occidente", "Cielo Azul", "Rasca tu güiro".

Orquesta A.M. Romeu, "Oriente y Occidente". ... >>> ...

La "ORQUESTA GIGANTE " se maintient jusqu'en 1946 puis passe aux mains de "Pichulín" et de Barbarito DÍEZ. A la disparition de Antonio María en 1955 ils continuent à faire vivre son orchestre qui devient réellement celui de Barbarito.
En 1959 et 1960 c'est toujours sous le nom de "ORQUESTA ROMEU" que la formation occupe encore les ondes dans les programmes de Cadena Oriental notamment pour la Fiesta del Domingo ou encore pour le Calendario Musical.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
* " Orquesta Romeu, Boca Linda ", L.H.1930-31, Tumbao TCD 076.
* " Orquesta de A.M.Romeu, El Mago de las teclas ", L.H.1937-40, Tumbao TCD 067.
* " Orquesta Gigante de A.M.Romeu, Oriente y Occidente", L.H.1941-46, Tumbao TCD 072.
* " El Danzón. Orquesta de A.M.Romeu ", L.H., Egrem CD 0166.


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