PORTILLO de la LUZ, César (Marianao 1922-La Havane 2013)

César naît dans une très modeste famille installée dans un quartier pauvre de la banlieue de la capitale. Il n'y a dans la maison ou dans le quartier ni radio, ni victrola; juste le sexteto du barrio qui joue encore avec une botija. Les parents chantonnent à la maison des airs de DELFÍN ou de Sindo GARAY. En changeant de quartier César rencontre la musique. Il écoute les pianolas, la radio et capte tous les airs qu'il entend. Rita MONTANER l'intéresse puis la mode du tango et de Carlos Gardel.


Entre les moments où César PORTILLO trouve du travail comme peintre en bâtiment et ceux où le chômage est à l'ordre du jour il se réunit avec des camarades pour chanter et forme à la fin des années trente et au début des années quarante différents trios purement amateurs avec ses amis Estebán PONCE et Luis LAMAR puis avec les frères HERRERA, enfin avec les frères DÍAZ.
Et c'est souvent Callejón de Hamel, chez Tirso DÍAZ, que se réunissent les amis de César PORTILLO et de Ángel DÍAZ pour écouter les disques de Jazz, les crooners américains et faire entendre leurs compositions.

A ce moment César qui n'a jamais pu s'offrir une guitare emprunte chaque fois que c'est possible celles des amis et tente de reproduire ce qu'il entend et peu à peu apprend ainsi à l'utiliser de manière empirique aidé par le sonero Enrique VINAJERA et par le guitariste classique Enrique CARDENAS.
PORTILLO commence à composer en 1938 par pur jeu. Mais le jeu lui plait. Il persévère.
De la même façon, par hasard, il s'amuse à faire la seconde voix à son frère et découvre qu'il possède quelques qualités. Et là aussi il persévère.
PORTILLO au contact de ses amis Frank EMILIO et Ñico ROJAS s'intéresse alors de plus en plus à la musique, écoute davantage de compositeurs européens, Debussy, Ravel mais aussi Glenn Miller, Benny Goodman, Gene Krupa, Stan Kenton...
Il écoute les trovadores dans les cafés et notamment dans l'un des rendez-vous de la bohème havanaise, le Mar y Tierra. César est à l'écoute des conjuntos qui animent les Aires Libres du Paseo del Prado.


En 1946 il compose "Contigo en la distancia" . La chanson est interprétée au Mexique par Fernando Fernández et se propage à une vitesse fulgurante dans tout le pays puis parcourt le monde. Plus d'une centaine d'interprétations existent à ce jour par Nat King Cole, Lucho Gatica, Caetano Veloso, Plácido Domingo, Paquito d'RIVERA

"Contigo en la distancia" >>>>

 

La même année César compose "Realidad y Fantasía" qui sera quant à elle diffusée par le "CONJUNTO CASINO" avec la voix de Roberto FAZ.
César PORTILLO de la LUZ est invité à ce moment pour assurer un programme de la Mil Diez : Canciones del Mañana con César y Rebecca.

Ce n'est que l'année suivante qu'il abandonne le métier de peintre et se consacre exclusivement à la musique.



Portillo à la guitare

Vraisemblablement sous l'influence de "Guyún", dont il fait la connaissance en 1948, César modifie sa façon d'utiliser la guitare. On peut considérer que PORTILLO, avec José Antonio MÉNDEZ, créent à leur tour une technique spécifique.
César PORTILLO de la LUZ et les principaux compositeurs du Feeling accordent une importance égale au fond et à la forme. Les textes sont soignés et les arrangements particulièrement recherchés.
En 1954 PORTILLO crée un deuxième succès international "Tú mi delirio" .

En 1956 il se présente accompagné de Frank DOMÍNGUEZ au cabaret Sans Souci.

En 1963 le Gato Tuerto l'affiche à son programme. Il reste au club jusqu'en 1966. L'année suivante il occupe le Lobby Bar du St John's.

Au milieu des années soixante les textes de César prennent fréquemment un contenu social comme "Canción al trabajo" de 1967 ou les chansons sur le Viet-Nam "La hora de todos" et "¡Oh! Valeroso Viet Nam". En 1968 César PORTILLO de la LUZ écrit un hommage au Che, "El hombre nuevo" et en 1973 à Allende, "Arenga para continuar una batalla".

Au début de 1969 PORTILLO de la LUZ est l'une des vedettes du Festival de Canciones au Teatro Roldán. Il est de nouveau au Gato Tuerto en 1972.

PORTILLO réalise sa première sortie hors de l'île en 1978, au Mexique. Après plusieurs voyages dans ce pays il effectue plusieurs tournées en Amérique Latine pendant les années soixante-dix et quatre-vingt, tandis que dans la capitale cubaine il anime avec assiduité le Rincón del Feeling de l'Hôtel St John's.

 

 

 

Même si, pour une jeune génération qui se tourne vers la Timba, le Feeling perd un peu de son intérêt au cours des vingts dernières années du XX° siècle, César assume l'héritage du mouvement et se produit régulièrement dans l'île avec un regain d'activité au moment où le tourisme remet les cabarets à l'ordre du jour.

Portillo de la Luz, Photographie Alexander Nicolás.

Sans interruption César poursuit sa carrière dans les cabarets, diffusant avec persistance les thèmes du feeling. Il est aussi en tournée à travers le monde - En Espagne avec Marta VALDÉS en 2001- et un des acteurs des Festivals de Bolero.
En 2002 on célèbre ses quatre-vingts ans par l'inauguration du Piano Bar El Diablo Tun Tun. En 2003 la télévision cubaine tourne un documentaire sur son oeuvre et sa carrière.
En 2004 il joue et donne des conférences en Espagne avec un concert remarqué à Cáceres. Le concours de bolero de La Havane porte désormais son nom. Il poursuit son activité et régulièrement est l'objet d'hommages. Il participe en 2008 à l'auditorium du Musée des Beaux Arts à un grand hommage à une grande voix du feeling qui a chanté ses compositions, Elena BURKE.
Sa santé est précaire et, invité en 2009 au MIC III de Santiago de los Caballeros en République Dominicaine pour donner une conférence sur le bolero, il doit se résoudre à envoyer une contribution.

Pour ses 90 ans, en 2012 un hommage lui est rendu au Teatro Nacional par le guitariste Joaquín CLERCH avec la participation de Harold LÓPEZ NUSSA. César décède l'année suivante.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
* " Varios interpretes. El filín de César Portillo de la Luz" L.H. 2000, Egrem 0426.

 
Le Mouvement du Feeling.
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