GÜINES, "Tata", Federico Arístides SOTO, dit ( Güines 1930-La Havane 2008)

"Tata" est issu d'une famille de musiciens. Son père José Alejo, tres, et son oncle Ángel, contrebasse; jouent dans l'ensemble local "PARTAGÁS" de la petite ville de Güines, repaire de rumberos et de tamboreros. Relativement pauvre, il grandit dans cette atmosphère, gagne sa vie très tôt comme apprenti cordonnier et passe son temps à jouer ou à fabriquer les percussions les plus diverses. Le rythme lui entre par la peau. "Tata" tente aussi sa chance avec une contrebasse et c'est avec cet instrument qu'il débute dans le sexteto de son oncle puis dans le conjunto local "ASES del RITMO" et dans le groupe de son père "PARTAGÁS".

 

Photographie, Revista Salsa, Cuba.

Il rejoint la charanga "ESTRELLAS NACIENTES" dirigée par son oncle Dioniso. "Tata" GÜINES joue de toutes les percussions, à la demande. Il s'initie finalement aux tumbadoras, instruments qui vont désormais lui permettre de s'exprimer et de briller au sein du monde des tamboreros. On retrouve "Tata" dans le Tipo Jazz Band "SWING CASINO", avec le "CONJUNTO CRIOLLOS " et en 1946 Arsenio RODRÍGUEZ, son voisin de la calle Delicias, l'invite à jouer un mois avec son orchestre.
A l'initiative de Antonio ARCAÑO, il se décide alors à émigrer vers La Havane. "Tata" quitte la province de Matanzas pour gagner avec Antonio et sa formation la capitale, sa tumbadora sous le bras. Il n'a que des connaissances musicales empiriques et a tout appris d'oreille en écoutant en particulier "Chano" POZO.
Gagner sa vie comme percussionniste est dur. Il propose même de jouer de la contrebasse dans le "CONJUNTO CAMACHO", formation au sein de laquelle après le départ de "Yeyito" il s'empare de la tumbadora aux côtés de "Mongo" SANTAMARÍA. Les congueros sont les musiciens les moins bien considérés et les plus mal payés dans les orchestres et "Tata" GÜINES doit jouer sans arrêt pour survivre. Il erre dans les bars de Marianao.
"Tata" fait des remplacements dans les Académies. Il est embauché par le conjunto "NUEVA AMÉRICA". A l'académie Havana Sport il joue avec la "SONORA MATANCERA" et gagne quelques centavos sur les ondes de La Voz del Aire, de Cadena Azul où il fait la connaissance de son maître "Chano" POZO et le suit dans la comparsa "Los DANDY's" . Il anime les bals mais doit, la journée, cirer les chaussures ou vendre les journaux.



La situation s'améliore dans la mesure où la qualité de son jeu devient de plus en plus brillante. Sa tumbadora commence à être courtisée. La "GLORIA MATANCERA", "UNIÓN", "Los MOSQUETEROS del REY ", "Los MAMBISES "… le voient passer dans leurs rangs. Guillermo PORTABALES l'engage dans le premier groupe de musique campesina créé dans la capitale. En 1952 il entre dans la charanga "FAJARDO y sus ESTRELLAS" et réalise en 1956 une tournée au Venezuela où il est accueilli comme un maître des percussions.

Cette même année il participe au dernier enregistrement de Arsenio RODRÍGUEZ à Cuba.

Arsenio Rodríguez, "Dame tu yoyo ma Belén". Tata Güines, tumbadora. >>>>


Tata Güines et le Quinteto Instrumental.

La tournée aux Etats Unis avec FAJARDO en 1956 marque aussi une étape importante de sa carrière. Ils jouent au Palladium pendant deux semaines avec les "AFROCUBANS" de MACHITO qui accompagnent "Benny" MORÉ. Grâce à son jeu extrêmement rapide dû à une position très basse des mains sur la peau, "Tata" GÜINES acquiert ici une notoriété qui lui vaut plusieurs contrats personnels et une motivation renforcée pour le Jazz qu'il côtoie dans des jam's fréquentées par "Dizzy", Maynard, Chico Hamilton et d'autres. Il est engagé au Waldorf Astoria où il se présente comme soliste devant ses cinq tumbadoras.

"Tata" fait des va et vient entre New York et La Havane.
"Tata" accompagne aussi le "TRIO TAICUBA", entre dans le conjunto "JÓVENES del CAYO " puis dans la Típica de Belisario LÓPEZ...

Les tournées s'enchaînent, Californie, Texas, Floride… Lorsqu'il est à Cuba il travaille avec "Cachao", O'FARRILL, BARRETO… avec qui il fonde en 1958 le "QUINTETO INSTRUMENTAL de MÚSICA MODERNA". Il enregistre les "descargas" avec"Cachao" mais aussi avec Rolando AGUILÓ et travaille avec le All Stars de "Bebo" VALDÉS.
Mais "Tata" ne se sent pas à l'aise dans la Gran Manzana. Il se sent proche des barbudos, sur le point d'éliminer le dictateur Batista et de pénétrer dans La Havane.


En 1960 il abandonne ses contrats américains et retourne à Cuba. Il y peaufine son style particulier et entreprend un travail qui met à contribution les sons produits par les ongles sur la peau des tumbadoras. Ces toques particulier qu'il invente sont repris par de nombreux percussionnistes mais aussi par des pianistes.
On entend "Tata" avec l'Orchestre Symphonique National dirigé par Manuel DUSCHENE. Il joue également avec le guitariste Sergio VITIER mais se présente aussi dans les cabarets comme le Ali Bar.
Pour se présenter dans les émissions télévisées "Tata" organise fréquemment de petits groupes; ainsi en 1964 pour le programme du Canal 4 Noche Cubana il compte sur un excellent ensemble formé de Guillermo RUBALCABA; piano, Fabián GARCÍA, contrebasse; Amadito VALDÉS Sr et Virgilio VIXAMA, saxophones, et Amadito VALDÉS Jr. aux timbales.

Combo de Tata Güines. 1964. Photographie Collection Amadito Valdés.

Tata Güines
Cette même année "Tata" GÜINES fonde "Los TATAGUINITOS". La formation soulève l'enthousiame des jeunes au Salon Mambí du Tropicana. L'Orchestre Symphonique National l'invite à interpréter son oeuvre "Perico no llores más". Il retrouve le Quinteto Instrumental devenu "Los AMIGOS", joue et enregistre avec eux. "Tata" participe également à toutes les "descargas", celles du Habana Libre et celles qui finissent sur les vinyles entre la fin des années cinquante et les années soixante-dix comme avec le "COMBO SIBONEY.

Durant cette dernière décennie, entouré de rumberas, il montre sa virtuosité au Tropicana. Ses compositions se multiplient, "Auxilio", "Mama, dame el mantecado", "No metas la mano en la candela"... et plus tard un exceptionnel "Tumbao".


Tata et la bailarina Maira Limonta.

"Tata" GÜINES retrouve aussi la "TIPICA 73" à New York. En 1978 il participe aux rencontres CUBA-USA à La Havane puis l'année suivante à tous les enregistrements des Estrellas del Areito.
"Tata" fait une tournée en Europe de l'Est avec Bobby CARCASSÉS en 1980. En 1987 il est l'invité du flûtiste chilien Raúl Gutiérrez et dans cette seconde moitié des années quatre-vingt joue en Suède à l'hôtel Sheraton avec le groupe "La FAMILIA" et le chanteur Ricardito RIVERA. En 1992 il rejoint en France le pianiste Alfredo RODRÍGUEZ. En 1994 "Tata" GÜINES en collaboration avec "Angá" DÍAZ, signe son premier disque personnel "Pasaporte". En fin d'année il retrouve "Patato" VALDÉS à paris à l'initiative d' Alfredo.Le Jazz le rappelle en 1995 en la personne de Orlando "Maraca" VALLE et de son groupe "OTRA VISION" puis de nouveau avec Alfredo RODRÍGUEZ.



Patrimonio 2004.

Il grave avec le all stars du trompettiste Jesús ALEMAÑY, "¡Cubanismo !" puis "Malembe" et participe à la tournée du groupe "CUBANISMO". En 1995 pour son "Aniversario", "Tata" enregistre avec les meilleurs rumberos, incluant des tambours batá, la contrebasse de "Cachao" et la voix de Gregorio "El Goyo" HERNÁNDEZ.
José Maria VITIER l'invite également à participer au projet "La Habana secreta" en 1996.
"Tata" enregistre aussi la même année une descarga où se rassemblent les meilleurs jazzistas Cubains.
Il participe également au disque "La Música Típica de Cuba" que l'éxilé Rudy CALZADO revient enregistrer dans l'île en 1997.
"Tata" GÜINES réalise durant les années quatre-vingt-dix plusieurs tournées en Europe où sa présence dans les clubs de Jazz de Paris, Londres ou Stockholm est régulièrement remarquée. En 1998 il donne un concert avec "PALO SON" en Martinique.

 

"Tata" est de tous les alls stars cubains qui parcourent la planète. A Cuba on l'entend aux côtés des "KINI KINI" en 2004, on le retrouve en France et en particulier au Festival de Patrimonio la même année, au New Morning où Orlando VALLE l'invite à faire partie de son "AFROCUBAN JAZZ MASTERS". Parallèlement il est membre des diverses formations du pianiste Ernán LÓPEZ NUSSA qu'il accompagne en tournée au Brésil, au Canada, en Espagne...et avec qui il enregistre "Havana Report".


Solo de Tata Güines, avec le cuarteto de Ernán López Nussa. Heineken Jazz Festival 2000.


En 2005, 2006 et 2007 il poursuit sa collaboration avec Orlando VALLE, joue en France, en Colombie pour le Barranquijazz... aux Etats Unis et au Mexique avec le groupe de Compay Segundo.

En 2006 il reçoit le Prix National de Musique. En marge de ses activités musicales il déploie une grande énergie pour un projet communautaire dans un barrio de Güines qui lui vaut diverses récompenses officielles. Il continue de jouer aux côtés de LÓPEZ NUSSA.

"Tata" GÜINES participe au tournage d'un documentaire sur "Chano" POZO. Il joue avec Herbie Hanckok et les "MUÑEQUITOS de MATANZAS " au Festival Caliente. Il est aussi invité avec "Changuito" au cabaret Palermo par le groupe folklorique "Los IDELLYS". Il participe en Europe à la promotion du disque du cantaor "El Cigala".
Brutalement au début de 2008 il est hospitalisé et disparaît quelques jours plus tard. Le Festival Jazz Plaza 2008 lui rend hommage lors d'un tambor célébré à la Casa de Cultura Plaza auquel participent percussionnistes et musiciens cubains.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
* " Pasaporte", L.H. 1994, Egrem 0074.
* " Aniversario", L.H. 1995, Egrem 0156.
* " Tumbao All Stars " L.H. 1995, Tumbao TCD 501.

 
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