POZO, " Chano ", Luciano (La Havane 1915 - New York 1948)..

Luciano GONZÁLEZ dit "Chano" POZO est né à La Havane dans le solar Pan con Timba. Ses parents déménagent très vite pour un solar tout aussi noir "El África". "Chano" est très tôt est attiré par les rythmes africains qu'il entend autour de lui dans ces quartiers à travers lesquels il erre toute la journée et la nuit avec son demi-frère Félix CHAPOTTÍN, ses amis Miguelito VALDÉS, "Fantasmita" avec lesquels il forme successivement des duos allant de rumba en rumba. Sa personnalité conflictuelle vaut à "Chano" des années de jeunesse dans un reformatorio dont il sort à dix huit ans. Il reprend sa vie dissolue et entre dans une société abakuá.

Dans la seconde moitié des années trente, après ses interventions dans de nombreux groupes de quartier, "La SULTANA", "La COLUMBIA MODERNA", "BARRACÓN "… POZO se forge une belle renommée de rumbero.
Il assure également, comme danseur, bongosero et conguero, le succès de diverses comparsas des faubourgs de la capitale.

Le compositeur Gilberto VALDÉS le convie en 1937 à entrer dans le trio de percussionnistes qui s'intègre à l'Orchestre Symphonique de La Havane pour interpréter un ensemble d'oeuvres puis le pianiste et compositeur Obdulio MORALES crée en 1938 un spectacle, Batamu, qu'il présente au Teatro Martí et pour lequel il engage un groupe de percussionnistes dont fait partie "Chano" POZO. C'est sa première apparition d'importance sur la scène musicale de La Havane. "Chano" est aussi compositeur. Sans connaissances musicales théoriques, il est obligé de faire retranscrire ses compositions par d'autres musiciens -SACASAS lorsqu'il était encore à Cuba-. Parmi ses premières créations, "Ana boroco tinde", "Pin-pon-pan", "Nague", "Llora" -qu'interpreter l'orchestre "CASINO de la PLAYA"-.... sont les plus remarquables et Miguelito les chantent.
Le percussionniste intègre aussi dans le courant de l'année 1939, le septeto "CARABINA de ASES".

En 1940, "Chano" joue avec le tipo Jazz Band "HAVANA CASINO ORQUESTA" dirigé par Leonardo TIMOR Sr. avec lequel il enregistre plusieurs thèmes: "Lolo, lolo, lolo", "La rumba y la guerra"... Gilberto VALDÉS le rappelle pour travailler dans son spectacle Tambó en Negro Mayor. A cette occasion POZO fait la connaissance de Rita MONTANER et deviendra un de ses amis, répétant chez Rita, ou sortant dans les lieux nocturnes de la capitale lorsque tous deux deviennent artistes exclusifs de la Radio RHC Cadena Azúl.

Au retour de New York où il a remporté un triomphe Miguelito VALDÉS est invité par RHC Cadena Azúl à donner un grand concert au Teatro Martí. Les meilleurs rumberos sont invités à tenir les percussions et "Chano" est de ceux-ci.

Lors des carnavals de 1941 il assure le succès de la comparsa "Los DANDY's de BELÉN " pour laquelle il compose le thème "Siento un bombó". C'est dans cette comparsa que "Tata" GÜINES fait sa rencontre.


En 1941 il devient le danseur-vedette du show Congo Pantera présenté au Cabaret Tropicana, dont les percussionnistes sont Silvestre MENDÉZ, "Mongo" SANTAMARÍA et la formation musicale, l'orchestre de Alfredo BRITO. Au coeur du show, "Chano" interprète une nouvelle composition "Parampampín".... A la même époque il enregistre avec la formation de l'Hotel Nacional dirigée par Osvaldo ESTIVILL. Des thèmes de POZO sont au programme: "Timbero la timba es mía", "Blen, blen, blen",... et également "Conga de los Dandy's" de Miguelito.

Cette année-là, le propriétaire de la RHC, soucieux de promouvoir ses intérêts, organise une grande caravane musicale qui sillonne le pays et qui emmène une foule de grands noms de la musique dont "Chano". Ce dernier entre 1941 et 1942 reste attaché au propriétaire de la station et participe à tous les spectacles, tant comme percussionniste que comme danseur, notamment avec Manuela ALONSO.

En 1944, une initiative de Humberto CANÉ conduit POZO à diriger jouer avec durant plusieurs mois avec un all stars au Casino Nacional . A la suite "Chano" conserve le groupe et le baptise le "CONJUNTO AZUL", formation avec laquelle il intervient dans les émissions de Radio Cadena Azúl et, au début de 1946, il enregistre une dizaine de titres dont "El Pin pin", "Ave María Morena"...
Son jeu sur les congas ou sur le bongó est supérieur à celui des meilleurs percussionnistes cubains car il est le seul à pouvoir dépasser les lignes traditionnelles parfois répétitives du folklore cubain.
"Chano" POZO côtoie également les groupes de Jazz cubains, notamment celui de Mario SANTANA. "Chano" se familiarise avec le genre. Ses capacités lui permettent de commencer à adapter les rythmes traditionnels des congas ou du bongó à ce nouveau langage.
En 1945 POZO fait la connaissance à La Havane de Mario BAUZÁ qui, avec " MACHITO & His AFROCUBANS" , a enregistré plusieurs de ses compositions aux Etats Unis. A la charnière des années 1946 et 1947 son ami Miguelito VALDÉS est à La Havane. Il joue et enregistre et fait appel pour ces occasions à "Chano" que l'on peut ainsi entendre avec Miguelito et son sexteto et avec l'orchestre de la Radio Mil Diez sur "El cajón", "Sangre son colorá"...
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Chano et Miguelito. La Conga. 1947.

Au début de 1947 POZO quitte l'île pour rejoindre les Cubains de New York. Il est accompagné de la danseuse "Cacha" et de Pepé BECKÉ. Immédiatement Miguelito fait engager le trio dans son spectacle au club La Conga.


Toujours grâce à Miguelito VALDÉS et à Mario BAUZÁ, "Chano" trouve des possibilités de travail, notamment dans le spectacle de la chorégraphe Katherine Dunham et réalise plusieurs enregistrements sous son nom. Ainsi sortent sous le nom de "Chano POZO y su RITMO de TAMBORES" deux 78t avec quatre thèmes baptisés "Ritmos Afrocubanos" puis, rassemblant la section rythmique des "AFROCUBANS", avec le conguero Carlos VIDAL, le tresero Arsenio RODRÍGUEZ et le chanteur portoricain Tito Rodríguez , "Chano" POZO grave -cette fois sous le nom "Chano POZO y su ORQUESTA"- les thèmes de sa composition "Rumba en swing", "Porque tu sufres", "Cometelo'to" et celui de Arsenio "Paso en Tampa". Dans la foulée il collabore avec Marcelino GUERRA , Panchito RISET et Arsenio pour plusieurs thèmes et fournit lui-même "Serende" et "Seven seven", puis retrouve les "AFROCUBANS" qui accompagnent en studio Olga GUILLOT.


Chano (troisième à partir de la gauche au second rang), lors de la session avec Arsenio et divers membres des Afrocubans.
Photographie: Archives Tumbao, Barcelona.
Présenté au cours de l'année par Mario BAUZÁ à "Dizzy" Gillespie, qui après avoir joué avec Diego IBORRA est à la recherche d'un percussionniste cubain, "Chano" va se tourner vers le Jazz. L'histoire de la plus grande musique populaire d'Amérique du Nord est sur le point de changer : Avec "Diz" il crée "Cubano Be Cubano Bop", qui avec le "Tanga" de BAUZÁ va constituer la seconde pièce clé du Jazz Afrocubain. Interprété à l'automne au Carnegie Hall, le thème marque une révolution. Une tournée succède au concert avec des moments historiques à Boston.

 

De retour dans la Big Apple "Chano" continue de travailler avec l'orchestre et est à l'affiche de l'Apollo Theater puis tous repartent en tournée en commençant par le club El Sino de Detroit. C'est vraisemblablementà ce moment que POZO enregistre dans la ville avec Milt Jackson. Chicago et St Louis constituent les autres étapes de la tournée.


Chano au club El Sino avec Gillespie.



Chano avec la formation de Gillespie.
A New York Gillespie engage Kenny Clarke et le formidable duo batterie- congas se met en place pour l'enregistrement de "Manteca". Les concerts se poursuivent: Brooklyn Academy, Town Hall... Au début de 1948 POZO traverse l'Atlantique avec l'orchestre de Gillespie qui donne plusieurs concerts en Suède, Belgique et en France notamment à la Salle Pleyel -d'où sort un live- et dans divers clubs de la capitale ainsi qu'à Marseille et Lyon. Le public français à cette occasion découvre à la fois le Be Bop et POZO. La tournée européenne s'arrête à cette étape et l'orchestre rentre aux Etats Unis.

Le Be Bop s'imposant, la formation de Gillespie est amenée, après une réorganisation, à se produire dans de nombreux concerts, débutant une nouvelle fois par l'Apollo de New York puis le Carnegie Hall.. "Chano" en est l'une des vedettes. Les tournées reprennent: Philadelphie, Chicago, Pittsburg. Un intermède newyorkais au Royal Roost et la formation repart sur les routes vers San Francisco, Pasadena où le concert est enregistré -laissant une nouvelle fois sur le vinyle "Manteca"-; Los Ángeles, plusieurs scènes californiennes et de nouveau Chicago où "Chano" retrouve sur scène Charlie Parker.

Concert de Pasadena, "Manteca" >>>> .


Répétiton à Los Ángeles. Photographie: Archives Tumbao. Barcelone.

Après avoir ouvert la saison d'automne au Royal Roost avec "Diz" et là encore enregistré plusieurs thèmes dont sa composition "Guarachi Guaro", "Chano" rejoint en studio James Moody à la tête de la formation de Gillespie et lui offre une excellente version de "Tin tin deo".
Après de nouvelles prestations à New York "Chano" repart avec le trompettiste pour une tournée au cours de laquelle à Columbia, en Caroline du Sud, on lui vole ses congas. POZO abandonne l'orchestre pour rentrer à New York et acheter de nouveaux instruments.
Trois jours plus tard "Chano" est abattu dans un café de Harlem. Candido CAMERO sera son remplaçant au sein de la formation de "Diz".

"Chano Pozo". Composition de Carlos Vidal. >>>>


INDISPENSABLE!

 

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
* "Chano Pozo", L.H/ N.Y. 1939-1948, Tumbao Box Set 305.
* " The Real Birth of Cubop", Pasadena & Royal Roost de N.Y., 1948, Tumbao 1002.
* In " Diz'n Bird at Carnegie Hall ", plages 6 à 15, N.Y. 1947, Roost 7243 8 57061 2 7.
* In " Algo Bueno. Dizzy Gillespie Big Band ", N.Y. 1947, Paris 1948, Definitive Records 11138.
 
La Rumba.
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