Trio, Septeto, Conjunto, MATAMOROS


Le "TRIO MATAMOROS", fondé en 1925 par Miguel MATAMOROS, guitare et première voix, comprend outre son fondateur, Siro RODRÍGUEZ , maracas et seconde voix et Rafael CUETO, guitare et troisième voix ou chœurs.

Le Trio joue les traditionnelles sérénades, est invité dans divers salons privés et se produit au Théâtre Aguilar où les représentants de la maison de disques Viuda de Humara les écoutent et où commence une aventure qui le conduit au Rialto de La Havane en 1926 mais surtout dans les studios de la RCA aux Etats Unis en 1928.
Ils y enregistrent leur premier disque et plusieurs morceaux désormais historiques, "Son de la Loma" , "El que siembra su maíz", "Olvido; au total une vingtaine de titres…

Au retour le Trio donne plusieurs concerts à La Havane puis effectue une tournée nationale avec un retour triomphal à Santiago de Cuba où les disques, dès qu'ils sont diffusés, connaissent un succès jamais vu comme dans youte l'île.

Le "TRIO MATAMOROS" enregistre cette même année quatre titres supplémentaires à La Havane dont "La corneta china" et "Las frutas del Caney". L'année suivante il accompagne, dans la capitale, la Banda Municipal de Santiago pour le Concours National de Bandas que gagnent les santiagueros. Il participe également, avec la Banda, à l'inauguration du Capitole.

...

Plus que les sextetos et septetos de La Havane le "TRIO MATAMOROS" chante la Guaracha et fait du Bolero-Son une de ses spécialités.
Les disques, le développement de la Radio accélèrent l'accès à la renommée du "TRIO MATAMOROS".

L'absence du tres est compensée par le duo de guitares, sophistiqué, au sein duquel CUETO -dont le style personnel est particulièrement perceptible dans les tumbaos- assure une ligne de basses tandis que Miguel joue un "punteo" qui le distingue des autres guitaristes de l'époque qui utilisent un "rasgueo". L'ensemble offre une saveur spécifique à leurs interprétations et une riche polyrythmie ressort du duo de guitares. Une part du succès est due aussi à l'organisation des voix. La voix, vibrante, aiguë et nasale de MATAMOROS et la voix grave de Siro produisent de grandes richesses harmoniques. Le Trio forge ainsi un style qui va s'imposer comme le style de référence du Son Oriental, avec cette odeur de guajira des premiers Sones voir du proto-Son, duquel se démarquent déjà les groupes de La Havane.


En 1929 le "TRIO MATAMOROS" voyage à Merida pour une tournée de deux mois puis le Trio retourne à New York. "La mujer de Antonio", "El paralítico", "Rosa"... font partie des 78trs enregistrés à ce moment. Un nouveau saut à New York leur permet de jouer dans le film Mosaicos Internacionales dans lequel il chante " Promesa " et " Son de la Loma". Les trois partenaires enchaînent ensuite une tournée dans l'Oriente cubain puis parcourent la République Dominicaine où les surprend un grand cyclone qui inspire ensuite Muguel pour créer son succès "El Trío y el Ciclón". L'année suivante leur offre une autre tournée à Haïti.
Le "TRIO MATAMOROS" retourne à La Havane au début de 1931 puis en septembre vont se présenter à Puerto Rico.

Mentionner la présence du Trio sur les ondes consisterait simplement à lister l'ensemble des stations du pays. Toutefois on peut noter pour ces premières années une présence très remarquée en 1937 et 1938 sur Radio CMQ à treize heures trente, heure de forte audience.

>>>> "Son de la Loma".

A La Havane où l'heure est aux sextetos, le groupe de Miguel se présente aussi comme "SEXTETO MATAMOROS" avec l'addition du tresero Manuel "Mozo" BORGELLA, de la contrebasse de Francisco PORTELA, du bongó de Manuel POVEDA.

 


Le Septeto Matamoros en 1928. Photographie Archives Tumbao. Barcelona.

L'évolution du monde musical à La Havane est rapide. L'apparition des septetos et leur trompette contraint le trio à vouloir parfois donner plus de sonorité à ses prestations et Miguel MATAMOROS n'hésite pas non plus , dès 1928, à élargir davantage sa formation pour en faire un septeto avec dans un premier temps le clarinettiste Américo SANTIAGO.
Les premières plages sont enregistrées sous ce format puis la trompette remplace la clarinette et en 1934 et 1935 c'est avec cet instrument que de nouveaux titres sont édités.

Selon un principe également utilisé par Antonio MACHÍN, Miguel réduit le septeto pour revenir à une formation à quatre au sein de laquelle la trompette de Pedro VÍA intervient fréquemment.
De cette formation avec VÍA, il reste plusieurs enregistrements de 1931 parmi lesquels "Lágrimas negras", "El trio y el ciclón", "Cosas del pasado"… L'expérience sera répétée en 1934.

Mais le trio ne perd pas sa popularité et continue d'être très actif et dès 1932 il part à la conquête de l'Europe, voyageant avec l'orchestre "SIBONEY" de Alfredo BRITO. Il commence ses concerts à l'arrivée à Vigo et continue de villes en villes jusqu'à Madrid puis Barcelonne. De San Sebastián MATAMOROS et ses deux partenaires gagnent Paris et ils chantent à l'Empire, au Casino de Paris au Cabaret Embassy. Tous trois retournent en espagne et au Portugazl avant de rentrer au début de 1933 à La Havane et d'effEctuer une tournée dans l'île, se terminant comme à l'habitude par un concert à Santiago de Cuba.


Le Trio avec les musiciens du Circo Price. Madrid.

A la fin de l'année le "TRIO MATAMOROS" part pour l'Amérique centrale et l'Amérique du sud. Il débute à Colon au panama puis gagne le Venezuela, se présentant au Teatro Ayacucho et dans plusieurs villes avec une escapade à Curaçao. La formation cubaine joue dans toute la Colombie et de Baranquilla regagne La Kavane.


Dans la Big Apple, en 1934, Les Matamoros jouent au Teatro Hispano et réalisent plusieurs enregistrementsles uns en trio, d'autre en cuarteto -avec l'adjonction d'une trompette- et Miguel réunit même un orchestre au sein duquel figurent trois saxophones mais l'idée ne prospère pas. "A una ola", " Trapiche" sont enregistrés sous cette forme. " La Desconfianza", " El vendedor de todo", "Rayito mio"... en trio. L'année suivante c'est avec son septeto -compreant deux guitares mais pas de tres. que MATAMOROS enregistre à New York. Parmi les thèmes "La Cumbancha", "Retrato", "Horas de pasión"...


Université de La Havane, années 30.

Le "TRIO MATAMOROS" reste dans l'île jusqu'en mars 1937 quand il réalise de nouveaux enregistrements à New York quand surgit chez Miguel l'idée d'organiser autour du Trio un conjunto. Celui-ci obtient immédiatement de beaux succès et le Conjunto offre à ses suiveurs ses premiers disques sur lesquels figurent : "Cuidadito Compay Gallo", "Cong del Pilar", "La mujer con voto"… Dans cette configuration les enregistrements se poursuivent régulièrement jusqu'en 1952. Mais aussitôt après les enregistrements de 1937 le trio navigue de New York à Rio de Janeiro puis se rendent à Montevideo, Buenos Aires où il chante au Teatro Maipú, sur les radios et parcourt le pays avant de voler vers Santiago de Chile et Valparaiso. Le périple se poursuit vers Lima, Panamá, Kingston et s'achève en août à La Havane où il reste deux ans avant de retourner enregistrer et se produire à New York au Teatro Hispano. Parmi les thèmes du moment figurent "La Casita de Margot", "Oye mi conga"... enregistrés avec le conjunto.

>>>> "Son de la Loma".

La guerre mondiale ne permet pas au "TRIO MATAMOROS" de continuer à voyager mais il joue et enregistre alors à La Havane. Son y no son", "Oye me", "Malanga"... sont enregistré avec l'ensemble que MATAMOROS s'installe à l'Hôtel Nacional et au Casino Nacional. Le groupe est alors composé outre de Miguel, Siro et Rafael, de Armando BELTRÁN au piano, Felipe TORRIENTE à la contrebasse, Pedro MENA au bongó et, innovation par rapport au format habituel du conjunto, une seule trompette confiée à José MACIAS et une clarinette, celle Francisco REPILADO, le futur "Compay Segundo". Lorenzo HIERREZUELO est ponctuellement chanteur du conjunto. «Peruchín» tient pour une partie de cette année 1942 le piano du conjunto.

 

Deux ans plus tard, alors que le groupe doit se produire sur les ondes de la Mil Diez, Radio qui possède le groupe en exclusivité, Miguel, aphone, doit chercher un remplaçant. Il demande à BORGELLA, à ce moment directeur du "SEPTETO CAUTO", de lui prêter un des chanteurs de son groupe. Bartolomé MORÉ remplace ainsi Miguel MATAMOROS. Peu après, avec MORÉ comme choriste, le "CONJUNTO MATAMOROS" enregistre "Buenos Hermanos", "La ruina de mi bohío".... et en 1945 Miguel offre à son nouveau partenaire sa première occasion de chanter en soliste pour "Ofrenda criolla" et "Se va a morir".


Le Conjunto Miguel Matamoros avec Benny Moré.

MATAMOROS, séduit, le garde pour une tournée au Mexique qu'il effectue en 1945 avec le Conjunto réorganisé pour la circonstance. Autour des membres du trio et de MORÉ sont réunis Ramón DORCA au piano, Cristobal MENDIVE à la contrebasse, Agustín GUTIÉRREZ au bongó. Cette fois le conjunto comporte deux trompettes, celles de José MACIAS et de José QUINTERO. Le Conjunto se présente au Montparnasse Club, au Río Rosa...
Pour honorer les nombreux contrats qu'il a dans l'île Miguel MATAMOROS organise pour le temps de son absence un autre ensemble qu'il baptise "CONJUNTO BACONAO" et qui comprend d'excellents musiciens tels que le trompettiste José INTERIÁN qui fait fonction de directeur, Florencio HERNÁNDEZ et "Laito" SUREDA pour les parties vocales.


Le Trio sur les ondes de CMKR, pendant les années 40.


Revenu sans MORÉ le Conjunto recrute Carlos EMBALE . Les enregistrements -"Bailaré tu son", "Te soñé y te encontré"…- réalisés avec cette formation -réintégrant REPILADO- témoignent de l'originalité du "CONJUNTO MATAMOROS" qui n'est ni dans la ligne des conjuntos "machos" tel que celui de Arsenio RODRÍGUEZ ni dans celle du "CONJUNTO CASINO". La personnalité du trio a donné un son spécifique au conjunto. Le "CONJUNTO MATAMOROS" renoue avec les tournées internationales. Il voyage en République Dominicaine en 1947 emmenant le grand trompettiste José INTERÍAN. L'année suivante c'est pour les fêtes de Carnaval au Venezuela que se déplace la formation qui reprend ses enregistrements et ses prestations à New York. Elle joue alors au Teatro Tiboro et laisse sur les vinyles "Bailaré tu son", " Soy Maraquero" ... Une autre session a lieu en novembre 1949 lorsque le conjunto se présente au Teatro Puerto Rico de la Big Apple.



Photographie Collection A. Mugercia.

Entre 1951 et 1954 le Trio ou le Conjunto parcourt toutes les provinces cubaines, enregistre dans l'île et se produit sur toutes les radios jusqu'en 1955 lorsque Puerto Rico les appelle. Les concerts ont lieu à San Juan et Mayagüez et sur les ondes. La compagnie locale Marvela les enregistre et les invite de nouveau dans leurs studios l'année suivante. Les Matamoros en profite pour faire une halte à Santo Domingo pour offrir des représentations au Teatro Julia et passer sur les stations radiophoniques.
En 1955 à La Havane le "TRIO MATAMOROS" enregistre son premier 45trs comportant "
Mariposa de Primavera" et "El que siembra su maíz".

L'expérience réalisée avec MORÉ avait été concluante et le conjunto incorpore de plus en plus fréquemment un chanteur invité, Juana María "Mariposa" CASAS, la femme de MATAMOROS, qui compose aussi: "La Botellita", "Camarón".. ou encore Rigoberto DÍAZ


Au Tropicana la formation se retrouve au même programme que MORÉ et Rita MONTANER.
Au cours de cette décennie, Miguel, souffrant d'hémiplégie, le trio incorpore fréquemment un guitariste, Ramón HUERTA; Miguel se consacrant uniquement au chant

Le Trio est de nouveau à New York au Teatro Puerto Rico à deux reprises en 1956 ainsi qu'à Saint Domingue pour les besoins de la télévision. A chaque année sa nouvelle tournée caribéenne: 1957; New York et le Teatro Puerto Rico ainsi que le Palladium; la ville de Colón au Panama, en avril, au célèbre cabaret Copacabana; le Venezuela en juillet dans les cabarets théâtres et pour la télévision. Le premier 33trs du Trio est enregistré à Cuba par la Kubaney en 1956. Le suivant, en 1957, contient les plus importantes compositions de Miguel et deux titres de Siro.

En 1959 "CUARTETO MAISÍ " de Miguel, avec la voix de Juana María "Mariposa" CASAS, enregistre également un 33trs pour la Panart.


Les trois partenaires quelques jours avant la disparition de Miguel Matamoros. 1971.

Après avoir joué au Teatro Chaplín de La Havane le Trio réalise une dernière prestation internationale à New York en mars 1960. Miguel, Siro et Rafael vont également chanter à Chicago.
Cette même année est enregistré ce qui semble être le dernier L.P. du "TRIO MATAMOROS". Le trio se retire officiellemnt de la vie musicale professionnelle lors du programme télévisé Jueves de Partagas en mai de la même année.

Trés fréquemment et jusqu'à leur disparition les trois partenaires auront l'occasion de chanter ensemble, la plupart du temps à Santiago de Cuba dans les peñas; à la Casa de laTrova ou pour des hommages divers.


© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
* " The Legendary Trio Matamoros ", N.Y., 1928-1937, Tumbao 016.
* " Trio Matamoros. La China de la Rumba ", L.H.., 1928-1951, Tumbao 039.
* " Camarón y Mamoncillo. Septeto y Conjunto Matamoros ", N.Y., 1928-1950, Tumbao 044.
* " Matamoros with Benny Moré", L.H., México, 1945-46, Tumbao 020.
* " Bailaré tu son. Conjunto Matamoros ", L.H. 1948-1952, Tumbao 070.

 
Le Son. Santiago et Miguel Matamoros.
>>>>

 
Des premiers Jazz bands aux grands ensembles des années quarante.
>>>>
 
Cuarteto Hatuey.
>>>>
 
Orquesta Orbe.
>>>>

 


.... Tous les groupes ....

<<<<
Martí, Hermanas .
 
 
Matancero, Sexteto.
>>>>