Los VAN VAN

En décembre 1969, le bassiste et compositeur de la "ORQUESTA REVÉ", Juan FORMELL quitte le groupe, entraînant avec lui plusieurs de ses membres.
Quatorze musiciens réunis autour de Juan forment alors l'orchestre "Los VAN VAN". Parmi ceux-ci Israel KANTOR (Alturas de Canasí 1949-Miami 2006) , César PEDROSO, Miguel Ángel RASALPS dit "El Lelé", chanteurs ; "Changuito", timbales ; Blas EGÜES, batterie ; José Luis CORTÉS, flûte; Julio NOROÑA, güiro , "El Yulo" CÁRDENAS, tumbadoras... Le type de formation est clairement une charanga avec ses trois violons, violoncelle et deux flûtes. Les instruments sont amplifiés.
Si les influences sont clairement issues de Benny MORÉ et de la "ARAGÓN" elles se complètent par des emprunts à la musique rock, particulièrement aux "Beatles" et à la musique traditionnelle brésilienne.


Los Van Van en 1969,
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Juan Formell y los Van Van", Tropico News.
Poursuivant les innovations déjà introduites chez REVÉ, FORMELL développe la polyphonie des voix, donne une importance plus grande à la basse et, s'appuyant sur un travail d'investigation de "Changuito", rend plus percussives, les attaques aux pailas mais aussi les tumbaos du piano, premier partenaire de la basse. Il rend également plus agressive la façon pour les violons d'attaquer les cordes. Le Songo, rythme sous lequel "Changuito" propose ses créations conquiert immédiatement le jeune public. "Los momis", "La compota", "Laura chancleta" figurent parmi la douzaine de compositions enregistrées.
A la fin de 1969 le groupe de FORMELL se produit en concert. Sa popularité a précédé son apparition. Le succès est tel que le groupe est réclamé dans toute l'île et ne trouve l'occasion de graver un nouveau disque que quatre ans plus tard.

Van Van, "Laura Chancleta". >>>>

Ce nouvel enregistrement de 1974 permet de constater que les "VAN VAN" se sont totalement libérés des liens qui pouvaient rester avec la musique produite par Elio REVE.
1975 et 1976 sont aussi deux années consacrées au studio avec deux disques offrant notamment "Solo soy un Van Van", "Hasta la semana que vien", "No digas que no compadre"… La formation participe aussi au spectacle El Son Entero au Teatro Amadeo Roldán de la capitale.
Les textes deviennent de véritables chroniques sociales et en ce sens, avec toute la particularité propre à l'île, ils se situent dans la même approche que ceux de Hector Lavoe et des premiers pas de la Salsa, quand celle-ci, à New York, sous aucun nom particulier, lançait ses cris rebelles.
A un moment où la musique dansante traverse une crise à Cuba, les "VAN VAN" entraînent sans difficulté les Cubains sur les pistes. Bobby CARCASSÉS invite le groupe au premier Festival Jazz Plaza qu'il organise en 1979. L'année suivante Manolo LABARRERA devient le conguero de la formation à la place de Joel DRIGS qui avait un moment remplacé "El Yulo".. Á


Los Van Van, La Havane, 1978.
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Juan Formell y los Van Van", Tropico News.

En 1982, toujours pour chercher de meilleures sonorités et permettre aux danseurs de s'exprimer mieux encore, Juan FORMELL introduit des trombones dans la charanga. En ce sens il renoue avec les idées de PÉREZ PRADO et rejoint le nuyorican Willie Colón qui de son côté a imposé cet instrument dans les formations pré-salseras dès le milieu des années soixante se démarquant des formations cubaines installées dans la Gran Manzana -comme celle de MACHITO- qui avaient boudé cet instrument.
Lázaro et Cristóbal GONZÁLEZ, Hugo MOREJÓN, Alvaro COLLADO ont occupé le pupitre des trombones mais c'est Edmundo PINA qui au sein des "VAN VAN" a affiné et concrétisé son rôle, accentuant l'agressivité du son et occultant nettement le travail du violoncelle qui disparaît au cours des années suivantes.

C'est au cours de cette décennie que les "VAN VAN" enregistrent leurs succès "Somos los Van Van", "Que no, que no", "El baile del buey cansado" qui met en évidence KANTOR qui va quitter le groupe à l'occasion de la tournée au Mexique en 1983.

N'ignorant nullement le travail des salseros, FORMELL prend conscience des points faibles vocaux du groupe et appelle Pedro CALVO puis Israel SARDIÑAS et puis Mario "Mayito" RIVERA.
Juan renforce ainsi la polyphonie vocale qu'il avait commencé à développer dès son passage chez REVÉ. Les nouvelles voix sont plus performantes dans les improvisations de type soneras que comporte le Songo.
Au cours de ces années quatre-vingt tous les hauts lieux musicaux de Cuba invitent les "VAN VAN", le Théâtre National, le Théâtre Karl Marx, le Festival de Varadero…
Les grandes villes d'Amérique du Sud les reçoivent également.


Los Van Van. Festival de Varadero 1982.

Jusqu'à la fin des années soixante-dix, Juan FORMELL est le principal auteur des titres des "VAN VAN" mais à partir de cette période le groupe interprète les thèmes d'autres compositeurs, Rodulfo VAILLANT, Marisol RAMÍREZ, Evaristo APARICIO … d'autres musiciens du groupe commencent à créer, notamment le flûtiste José Luis CORTÉS puis plus tard, Pedrito CALVO, César PEDROSO, le pianiste fondateur de la formation …
Dans tous les cas la critique sociale est de rigueur. Les problèmes de la surpopulation de la capitale dans "La Habana no aguanta más", "La Habana sí", du niveau de vie "Por encima del nivel", de la formation professionnelle "de 5 a 7" sont évoqués.

Au début des années quatre-vingt-dix et notamment pour l'enregistrement des derniers vinyles "Aquí el que baila, gana", FORMELL, sans délaisser le piano, donne un rôle important au synthétiseur.
Le son de la charanga initiale est désormais bien loin. La formation qui avait perdu son violoncelle abandonne également un des trois violons et une flûte. Des groupes salseros Juan reprend la façon d'utiliser l'ensemble des percussions dont le jeu devient plus facilement perceptible aux oreilles des danseurs. Son fils, le batteur Samuel FORMELL, s'incorpore postérieurement au groupe et développe cet aspect.

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2° partie
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