SANTIAGO de CUBA:
La Casa de la Trova.
Dès le milieu du XIX° siècle, à Santiago de Cuba, les premiers cantantes ont l’habitude de se retrouver chez des amateurs appréciant leurs talents pour y faire connaître leurs dernières créations . Au début des années quatre-vingt dix, on sait que certains d’entre-eux notamment Fermín CASTILLO et Ramón IVONET se dirigeaient chaque soir à El Caney dans les environs de Santiago de Cuba pour se retrouver dans la maison d’un de leur collègue Juan AROCHE . Aprés la guerre on retrouve les cantantes chez Claudio Moreno, María Eugenia Palacios, Silvestre Ferrer , Nino Montoya, Julio Fernández … Toutes ces maisons qui de façon spontanées rassemblent les chanteurs, guitaristes et leurs admirateurs sont appelées casa de la trova. Sont également bien connues celles de Moquito, de Danger qui prolongent cette tradition au début du XX° siècle. Au cours des années cinquante la révolution rend les campagnes peu sures et le trovador Virgilio PALAIS, vendeur ambulant, décide de s’installer en ville et son local de la calle Heredia devient à son tour le rendez-vous des cantantes, des trovadores. S’y rassemblent peu à peu Mariano CARBONNEL, Ramón MÁRQUEZ, Ángel ALMENARES , Pucho el Pollero… La casa de Virgilio situé dans la rue Herredia, non loin du Parque Cespedes et de la Cathédrale commence à être connue hors de Santiago et la proximité de l’hôtel Casagranda lui apporte les visiteurs les plus divers, artistes, voyageurs et les premiers touristes et très vite elle devient le lieu de prédilection de tous les trovadores de Santiago de Cuba. Au lendemain de la Révolution, l'activité musicale est intense chez Virgilio. Tous les trovadores s'y retrouvent en nombre et le lieu atteint la célébrité. Bientôt l'activité et le lieu est aux mains des instances révolutionnaires qui cherchent à professionaliser les musiciens et leur offrir les possibilités de s'exprimer. ..... |
En 1967, le délégué à la culture, Calixto CARDONA, fils du cantante Manuel CARDONA -partie prenante de l'historique controverse entre CORONA et Sindo GARAY-, veut donner aux musiciens santiagueros le local pour qu'ils le gèrent. |
La
clé est confiée à une tierce personne qui s'accapare du local,
y entrepose des sacs de riz et divers objets personnels. Les trovadores
ont toutes les peines du monde à accéder au lieu. Ángel ALMENARES et Ramón MÁRQUEZ se plaignent à Calixto
qui aussitôt récupère la clé et la remet aux deux musiciens
en leur disant que désormais ce lieu, même s'il est minuscule, est
le leur, qu'ils en sont responsables et en ont le libre accès. |
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La CASA de la TROVA devient alors le véritable lieu de vie des musiciens santiagueros. Les trovadores y font connaître leurs compositions, leurs capacités à interpréter celles-ci ou les oeuvres de leurs pairs. Ces rassemblements permettent également la sauvegarde des traditions. Ce qui s'envolait auparavant aux coins des places de la ville se fixe et constitue un patrimoine que chacun préserve. La CASA de la TROVA se donne d'une formation, le "QUINTETO de la TROVA" dont le premier directeur en 1976 fut le joueur de cuatro Rigoberto "Maduro" HECHEVARRÍA. |
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1972, Casa de la Trova, Las Hermanas Ferrín accompagnées de Eugenio Portuondo.
Photographie Collection C. Cardona.
L'arrivée du tourisme a déplacé La CASA de la TROVA de l'autre côté du porche d'accès, plus spacieux mais mons typique. Les trovadores ont ouvert leur espace aux soneros et le lieu est un lieu de bouillonement musical. Il fonctionne quotidiennement, matins et soirs, et tous les musiciens santiagueros s'y produisent régulièrement. A l'étage, le Salón de los Grandes reçoit la nuit les plus importantes formations de la Trova Santiaguera.
Sur
le modèle proposé par Santiago s'est créée dans la plupart
des villes de l'île une CASA de la TROVA où, sans faire abstraction
de l'évolution musicale, la tradition de la musique populaire cubaine est
préservée. |
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