La Controverse entre Sindo Garay, Manuel Corona et Manuelico Cardona.

 

Au cours du premier quart du XX° siècle il était courant que les cantantes polémiques à travers leurs compositions et interprétations.

Lorsqu'un thème ne plaisait pas à un trovador il répondait dans les semaines suivantes par une composition personnelle. Le monde de la Trova propagait alors rapidement le thème jusqu'à ce qu'il arrive aux oreilles du cantante auquel il était destiné.

La plus célèbre de ces controverses a pour acteurs Sindo GARAY, Manuel CORONA et Manuel CARDONA, surnommé "Manuelico Dos Cabezas".

Sindo se trouve en 1923 à La Havane et, toujours nostalgique de la capitale de l' Oriente, dépité par sa relation avec María Petronila, il pense depuis quelques temps à retourner à Santiago de Cuba. Il annonce son départ dans une composition «  Adiós a La Habana  ».



 

«  Adiós a La Habana  »

Por fín me alejo de tus hogares,
dejo recuerdos de mis entrañas;
vuelvo a los montes y a las palmeras,
y a las montañas donde nací.
Oiré de nuevo las dulces quejas
de mi torcazas tornasoladas
de cuello azul, y allá en las tardes
rosadas, tristes,
envuelta el alma en un suspiro
que lleva el viento te mandaré.

¡Adiós, Habana ! ¡ Cuántos pesares !
Por fín me voy, adiós,
de tus hogares.
Se aleja triste tu trovador
a formar nido en las montañas
donde es más libre y ardiente el sol.



Sindo GARAY rentre à Santiago mais Manuel CORONA, installé définitivement à La Havane, n'accepte pas la plainte de Sindo. CORONA répond dans un texte: « Contestación a Adiós a La Habana  ».


 

« Contestación a Adiós a La Habana  ».

A quién te quejas, bardo sublime,
aléjate y no te quejes,
quéjate a la culpable de tu infortunío
y no a La Habana que te dio el galardón.

A qué te lamentas y no te alejas
Al denso valle de tu Maisí
Allí a tus montes y tus palmeras
Si aún te embriagas con sus praderas
Emblema santo donde nací

Si allá en Oriente también cantan torcazas
do gimen sinsontes,
aquí en La Habana
Son las tardes rosadas.

Si aquí las tardes de grana y rosa
Ya no te brindan su inspiración,
Pues vuelve a los nidos de tu región.


(Il existe plusieurs retranscriptions légèrement différentes du texte de Corona)

 


Même si les distances sont grandes et les communications peu aisées, les cantantes de l'île ne tardent pas à faire connaître le texte de CORONA à Santiago, aux cantantes santiagueros et à Sindo .
L'effet est immédiat. Les amis de Sindo sont scandalisés et lui demandent de répliquer. Sindo GARAY n'envisage nullement de donner suite ce qui pousse les trovadores à insister, en vain.
L'ami de toujours de GARAY, "Manuelico" CARDONA , compositeur doté d'une grande culture et d'un sens aigu du régionalisme et de la valeur de Sindo déclare qu'il répondra à CORONA .
"Manuelico" CARDONA compose alors «  Grán Sindo sublime  ». Le texte est à la fois une ode à GARAY , un éloge à Santiago de Cuba et une virulente diatribe contre la capitale cubaine.


 

«  Grán Sindo sublime  »

Gran Sindo sublime de glorias y honores,
celaje divino que sirve de espejo,
así como el mar nos da sus reflejos,
y las olas bullidoras no manchan sus colores.

Habana, región de terrestre perfidia
donde la envidia hace su creación,
si allá en La Habana también cantan torcazas,
y cantan sinsontes
aquí en Oriente son muy ricas sus minas
y extensos sus montes.

Si allá son las tardes de grana y rosa
y está el galardón de ser capital,
aquí están las cunas de grandes patriotas,
y aquí la invasión surgió hasta triunfar.

 


A son tour le texte fait le chemin de l' Oriente vers l'occident par la voix des cantantes et de leurs guitares.

Immédiatement La Havane réagit, crie au scandale. L'affaire prend une grande ampleur au point que la crainte d'actes irresponsables entre les partisans et détracteurs de Sindo GARAY et de CORONA, le gouvernement du Président Zayas interdit la composition de "Manuelico" CARDONA .



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© Patrick Dalmace/Calixto Cardona