Depuis quelques temps déjà, principalement dans la région de Matanzas, mais aussi à La Havane les "Típicas" maltraitent régulièrement la Contradanza, introduisant quelques fantaisies qui annoncent certainement des changements à venir.

Le 1° janvier 1879 la " ORQUESTA TÍPICA " de Miguel FAÍLDE se produit pour l'élite de la société de Matanzas dans les Salons du Club. L'orchestre interprète, au milieu des contradanzas traditionnelles, des compositions en 2/4 dont le rythme est un peu plus rapide et qui s'avèrent bien plus agréables à danser. Parmi les nouveaux morceaux joués ce soir-là "Las Alturas de Simpson" emporte l'adhésion des plus jeunes parmi le public.

Alors que les danzas -ou même des protodanzones qui ont pu exister avant "Las Alturas de Simpson"- répètent la structure ABAB, les compositions de FAÍLDE proposent une variante à la monotonie en créant une structure ABAC.
A l'introduction de deux fois huit mesures succède une partie de clarinette ou de flûte. Après une reprise de l'introduction vient une partie réservée aux vents.
Ainsi le danzón devient moins répétitif que les contradanzas. Bientôt l'introduction alterne avec deux, trois, voire quatre parties différentes réservées à différents instruments ou groupes d'instruments.
Les orchestres de Matanzas et ceux de La Havane sont les premiers à se mettre à l'heure du danzón mais parfois les compositions ne diffèrent pas sensiblement des anciennes danzas. Certains danzones comportent toujours uniquement les deux parties ABAB et les danseurs continuent de réaliser les figures académiques des contradanzas. Toutefois la danse en couple, apparue quelques années auparavant dans les milieux populaires, s'adapte bien à la relative rapidité du danzón. Il y a coexistence - pas dans les mêmes lieux certes- des deux formes.
Souvent les musiciens prennent des libertés d'interprétation qui conduisent à transformer la saveur d'une composition. Ils jouent avec les valeurs des notes, désarticulent et ré-élaborent les rythmes... On finit vite par retrouver le cinquillo.