LATAMBLÉ, "Chito", Reyes (Guantánamo 1916-1993)

Reyes LATAMBLÉ est issu d'une très modeste famille des faubougs de Guantánamo. Son père Marcelino possède un changüí dans le quartier de la Loma del Chivo où l'on vient faire la fête au son de la guitare ou du tres de Marcelino et quelques autres musiciens. On y vend aussi quelques boissons et un peu de nourriture. Le grand-père, Demetrio, fabrique des guitares et avec lui Reyes, qu'on appelle affectueusement "Chito", alors qu'il n'a pas encore huit ans, fabrique son premier tres dont il apprend à jouer avec son père.
Il déménage pour un endroit guère plus salubre mais où la musique est reine tout près d'où joue la Tumba Francesa. "Chito" fréquente très occasionnellement une école privée. Et bientôt il commence à participer à l'animation des fêtes populaires au son du changüí, genre que cultive la famille depuis plusieurs générations.

"Chito" a dix huit ans lorsqu'il a l'opportunité d'entrer dans le conjunto "JÓVENES del GUASO" avec les frères La ERA, Raimundo BORRERO et son frère Arturo. Ils jouent pour les fêtes familiales dans les quartiers de Guantánamo; pour les fêtes de  San Andrés en Cuneira  qui durent cinq jours dans la maison de  Andrés DUTIL...

Afin de trouver du travail il part en 1936 pour le Central Santa Cecilia où avec son Arturo et les frères La ERA il va rester une quinzaine d'années au service de l'industrie sucrière pour la quelle il est chargé de l'entretien des machines. Il y rencontre d'autres changüiseros, Ibraín VIDEAUX et Luis CESPEDES.
A cette époque "Chito"est appelé par le pianiste " Lilí" MARTÍNEZ qui fonde "Los CHAMPIONS de Lilí MARTÍNEZ ". Ils jouent sur la radio CMKH puis deviennent la formation attitrée de la CMKS pour laquelle ils travaillent tous les jours durant deux heures.
Sans Lilí la formation devient "Los SIETE AMIGOS". Avec lui se retrouvent Arturo, les frères KINDELAN, les frères ALMAGUEL, Juan José JARDIT et "Brillante".


Los Champions de Lilí Martínez.

"Chito" LATAMBLÉ est un excellent musicien et au delà du tres est capable de jouer de plusieurs instruments. Pour cette raison il est demandé par de nombreuses formations. Au début des années quarante il rejoint ainsi "La TROVA TRADICIONAL de GUANTÁNAMO" puis parallèlement le nouveau conjunto de Lilí MARTÍNEZ, "RAREZA del 43" et plus tard le "SIBONEY".
En 1945 à l'initiative du musicologue Rafael INCIARTE "Chito" LATAMBLÉ organise un groupe de changüí qui doit intervenir dans les fêtes populaire de Santa Catalina. Le tresero et son frère Arturo, guayo, rassemblent " Mongolo", bongocero, Justo KINDELÁN, maracas et voix et un couple de danseurs Lola et Luis CÉSPEDES. L'interprétation d'un thème traditionnel et le succès rencontré aboutit à la création définitive du « CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO » que va diriger son frère et dont l'objectif principal est d'assurer la diffusion de ce genre traditionnel de la région, susceptible de disparaître.
"Chito" LATAMBLÉ restera juqu'à la fin de sa carrière membre du « CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO » mais s'engage aussi dans d'autres formations dont "Los SIETE del JAZZ". En 1952 il rejoint le conjunto "SORPESA" dont l'audience dépasse le cadre de la province. Avec des arrangement réalisés par Lilí MARTÍNEZ, le groupe joue à Santiago de Cuba, pour la société Luz de Oriente; anime les carnavals de San Juan dans la province de Camagüey... "Chito" et ses partenaires jouent même en 1955 à La Tropical à La Havane où ils alternent avec les plus grandes formations du moment. Lorsque le conjunto se déplace dans les campagnes il le fait sans piano et c'est le tres de "Chito" qui le remplace.

Après la Révolution "Chito" intègre un cuarteto avec Tito FERRER, José HARDIT et Miguel PORTES. Ils parcourent le monte et les villages: Yateras, Tiguabo, La Cidra, La Yamagua, Casisey, San José... et "Chito" s'engage dans les milices révolutionnaires, participe aux zafras, mais reste toujours un élément fondamental du « CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO ». Il participe aussi très activement à la sauvegarde du genre, fixant notamment les règles du tres dans le genre.


Invité au Festival del Son en 1980 il suscite l'admiration de Miguelito CUNÍ et des plus grands soneros et trois ans plus tard le tresero Pancho AMAT vient lui rendre visite pour profiter de son expérience. "Chito" ne manque aucun des Festivals du changüí de Yateras, aucune Jornadas cucalambeanas, fêtes cumbancheras qui apparaissent au cours de cette décénnie.
En 1987, malade, LATAMBLÉ se retire du monde musical. Chaque année à son domicile se déroule le “Chito en la Loma” qui devient la Jornada Changüisera.
"Chito" LATAMBLÉ décède en 1993.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
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Du Monte à Guantánamo. Le Changüí.
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