Septeto, Conjunto, Orquesta, ANACAONA

En 1931, le tyran Machado pour contrer les grèves et manifestations étudiantes, ferme l'Université.

Concepción "Cuchito" CASTRO ZALARRIAGA doit abandonner ses études de médecine et, pour aider financièrement son père, organise avec ses sœurs un groupe musical. Le père CASTRO connaît plusieurs musiciens et notamment ceux du "SEPTETO NACIONAL". Il leur demande d'aider ses filles
Concepción "Cuchito" Castro


Il faut un nom pour la formation qui commence comme un septeto. C'est Ella O'REILLY, leur chanteuse, qui raconte la légende de la princesse taina et propose le nom de Anacaona.

Le "SEPTETO ANACAONA" est alors formé par Ada, Ondina, Concepción, et complété par Ella O'REILLY, Isabel ÁLVAREZ et Berta Cabrera.
Le Septeto se produit pour la première fois en février 1932 au Théâtre Payret de La Havane face au Capitole puis au Teatro Principal de la Comedia.
Dès la première année les jeunes filles sont en tournée dans l'île.

Progressivement les plus jeunes soeurs, Emma, Olga, Flora, Alicia, Caridad, Argimira, Xiomara, Yolanda rejoignent leurs ainées pour pouvoir dès 1934 former un grand Tipo Jazz Band qui occupe l'un des cabarets des Aires Libres. C'est là que les filles disputent la vedette à leurs concurrentes du groupe "ENSUEÑO". Le succès les conduit à La Tropical puis au Yacht Club et l'année suivante le groupe réalise sa première tournée internationale à Puerto Rico. La trés jeune Graciela PÉREZ devient la chanteuse de "ANACAONA". Le Mexique les accueille immédiatement après pour une tournée de six mois ainsi que Panamá et la Colombie.

Dans le courant de 1937, "ANACAONA" enregistre "Después que sufres", "Amor inviolado" ainsi que la composition de "Rapindey" "Maleficio"… L'année suivante le septeto est engagé pour se produire à New York au Cabaret Havana-Madrid. Les filles jouent également au Waldorf Astoria, à l'Hotel Commodore et on peut les entendre sur les ondes de la radio NBC.


Retour de New York avec Alberto Socarras.


A New York, un impresario français veut emmener le septeto à Paris. L'intervention efficace et persuasive de Alberto SOCARRAS conduit l'entrepreneur de spectacles à engager toutes les filles y compris celles restées à Cuba.
C'est donc en Conjunto et en Jazz Band que "ANACAONA" anime en 1938 les soirées du Théâtre des Ambassadeurs ou de Chez Florence où elles alternent avec Django Reinhardt.


Les préparatifs de la seconde guerre mondiale, la situation en Espagne les conduisent à renoncer à diverses prestations en Europe et en Afrique. Les sœurs CASTRO et leurs partenaires rentrent à Cuba.


ANACAONA à Paris.


Les années quarante sont marquées par de très grandes tournées internationales. "ANACAONA" visite tous les ans le Mexique et presque aussi fréquemment le Venezuela.
Aruba, Curaçao, les Antilles hollandaises les acclament. Graciela PEREZ qui rejoint son frère MACHITO à New York est remplacée par Dominica VERGES. Plusieurs autres musiciennes entrent dans la formation, Anita PERMUÍ-VALDÉS, Xiomara JUNCO, Hortensia PALACIOS...


L'orchestre est en tournée au Perou lorsque que Ernesto LECUONA le fait appeler pour devenir l'un des groupes vedettes du Casino Nacional qui est sur le point d'ouvrir. Le Jazz Band y reste deux années.
Sur une scène tournante, "ANACAONA" doit alterner avec "Los Hermanos CASTRO". C'est un véritable show qu'offrent les jeunes femmes.


Elles sont capables de se présenter dans diverses formations, permutent leurs instruments et sont accompagnées par des couples de danseurs et danseuses. Les deux sœurs PORTUONDO font partie de ceux-ci. C'est à ce moment que Omara PORTUONDO devient la chanteuse du groupe "ANACAONA". Peu avant Moraima SECADA s'intègre au groupe sur les conseils de PORTILLO de la LUZ.


Les tournées internationales continuent avec en 1951 un nouveau séjour au Mexique où elles participent au tournage de deux films. Deux ans plus tard "ANACAONA" est à Haïti au Voudou Club, en Floride à Tampa, en Colombie et au Vénezuela, deux pays où elles se produisent sur scène et sur les ondes et où elles enregistrent respectivement en 1952 et 1953 des thèmes comme "Quiéreme y veras", "Mambo Mambí", "Mambo Habanero"...

Cette même année le groupe enregistre également à La Havane. Les jeunes femmes sillonnent l'Amérique centrale et on retrouve la formation en 1955 au Nicaragua, au Perou et en Equateur. Elles sont de nouveau en Colombie en 1958, au Chili, puis au Brésil où "ANACAONA" enregistre. Et c'est dans ce pays au moment de poursuivre la tournée vers l'Uruguay que les filles apprennent le triomphe de la Révolution Cubaine et décident de rejoindre leur île. Les années soixante marquent un tournant pour le groupe "ANACAONA".

La fermeture des cabarets ne permet plus une si grande activité mais surtout la musique commence à subir les influences étrangères et s'électrifie. "ANACAONA" fait figure de groupe historique. Les autorités l'utilisent pour animer les fêtes des Maisons de la Culture, des Foyers d'Anciens, pour diverses inaugurations… mais rarement comme orchestre de danse.

Toutefois en 1966 "ANACAONA" joue dans le cadre d'un Festival de Jazz donné à la Maison de Tchécoslovaquie. Alicia aura également l'opportunité d'accompagner à la contrebasse Franck EMILIO au cours de la même manifestation. Deux des soeurs accompagnent aussi Franck EMILIO pour un cycle de jazz au Liceo de Guanabacoa l'année suivante.


"Descarga casera" en 2000 avec Franck Emilio.

Les sœurs CASTRO enseignent alors dans les Ecoles de Musique qui se multiplient après la Révolution.

En 1982 "Cuchi" disparait et Alicia prend la direction du groupe.
Au début des années quatre-vingt Dora AGUIRRE entre comme saxophoniste dans le le Jazz Band. Peu après sa sœur Georgia la rejoint au piano.
Le "rôle social" de "ANACAONA" est toujours le même, animer les cérémonies officielles, jouer la musique du passé…
En 1987 incitées à prendre leur retraite par des mesures gouvernementales cherchant à donner des espaces musicaux aux très nombreux jeunes qui sortent des écoles et conservatoires, les dernières sœurs CASTRO en activité décident de prendre leur retraite.


Dora
et Georgia choisissent de continuer et en quelques semaines recrutent de jeunes musiciennes, répètent et remontent sur scène avec une musique rénovée. C'est Georgia, redevenue bassiste, qui est désormais la directrice de "ANACAONA".
"ANACAONA" reste à ce moment le seul orchestre féminin en activité dans l'île.
Progressivement la formation perd son étiquette de "groupe de Musée". De grands noms dont Juan FORMELL, Richard EGÜES, Rafael LAY, les fils de Jorge VARONA… apportent leur soutien ou assurent les arrangements.
"ANACAONA" s'installe alors au cabaret Papa's à la Marina Hemingway,

La période spéciale et la formidable expansion de la musique cubaine permettent à "ANACAONA" de se présenter en concert puis d'entreprendre les premières tournées internationales de cette seconde vie de l'orchestre : L'Angola d'abord puis le Mexique en 1989. En 1990 en Espagne, les jeunes femmes partagent les scènes avec les plus grands salseros portoricains ou new yorkais. Le groupe se produit en Belgique, en France où l'orchestre enflamme le Festival Bleu Caraïbes en 1996.
"Anacaona,¡ Ay !", leur premier C.D., sort en 1991 suivi en 1995 de "Como un milagro".

 

Royan. Bleu Caraïbes 1996.

Après un passage par l'Espagne, la grande tournée en Chine de 1998, minutieusement préparée, est un grand succès. L'année suivante les jeunes femmes sont invitées à New York et y rencontrent Graciela PÉREZ.
A Cuba "ANACAONA" réalise plusieurs tournées et se présente régulièrement à la télévision où tous les programmes musicaux ont reçu la visite du groupe et un troisième disque voit le jour "Lo que tu no esperabas".
A la fin de l'année 2000, le Casino de Monte Carlo reçoit "ANACAONA" durant plus de sept mois pour son spectacle "Saveur de La Havane". Les jeunes femmes participent à un grand show et assurent la partie dansante du spectacle.


De retour dans l'île, "ANACAONA" est à l'affiche du Café Cantante, du Turquino de la capitale.


Le groupe célèbre ses 70 ans avec un documentaire en 2002 puis une tournée au Cap Vert.
Elles se produisent cette même année à Vera Cruz pour le Festival International Afrocaribeño. Deux modifications interviennent dans la composition de l'orchestre: l'entrée d'une guitare et le retour aux origines avec l'arrivée d'une trompette confiée à Janette RAFOLS.


L'activité 2004 commence par des prestations dans la capitale, à la Casa de la Música de Miramar et dans un tout nouveau club le Irakere. Le groupe est pour cette année composé de Beatriz LABRADA et Janette -trompettes; de Dayami ACOSTA -trombone-; Yanet SALINAS au piano. Regla MILAGROS est à la batterie, Viviam JIMÉNEZ à la flûte, Saily MOREDO à la guitarre et au tres.Avec Georgia et Dora, "ANACAONA" est complété par trois chanteuses: Veronica VELÁZQUEZ, Barbara de los Ángeles ZAMORA et Yanet RODRÍGUEZ. Toutes trois sont également responsables des percussions mineures tandis que le bongó est confié à Isabel SUÁREZ et les tumbadoras à Yudianis QUINTANA.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:

* "Septeto Anacaona", L.H. 1937, Harlequin, HQCD 27.
* "Anacaona ¡Ay!", L.H. 1991, P.M. Records.
* "Lo que tu no esperabas", L.H. 2000, Lusafrica.
* "Anacaona. Ten Sisters of Rythm", Allemagne 2003. Timba Records.

>>>>>
Le Son. Les années trente à La Havane..
>>>>

>>>>>
La Fantastique expansion de la musique cubaine..
>>>>

.... Tous les groupes ....

<<<<
América del 55, Orquesta
 
 
Apaches, Los.
>>>>