IBORRA, "Mofeta", Diego (Camajuaní 1919-Miami 2008)
Diego est né dans une famille où le père, venu d'Espagne, est un bon flûtiste qui travaille avec l'Orchestre Symphonique de La Havane une fois la famille installée dans la capitale. Diego apprend le violon puis essaie le piano qu'il délaisse très vite pour la batterie après avoir écouté dans son quartiet un batteur américan de passage. Son père accepte à condition qu'il étudie aussi la théorie. A cette époque déjà il écoute tous les disques de jazz qu'il découvre. |
Diego traîne aussi comme papelero derrière les musiciens de René TOUZET, sympathise avec le batteur qui lui enseigne ses trucs personnels. En 1935, ce dernier devant s'absenter il demande à Diego de le remplacer au sein de la formation. Il fait ainsi ses débuts comme drummer avec l'orchestre de René TOUZET au cabaret Montmartre où il rencontre fréquemment "Chano" POZO qui joue aussi dans ce cabaret. Souhaitant progresser il étudie avec Daniel PÉREZ.
|
Diego entre dans le «HAVANA RIVERSIDE » groupe avec lequel il joue de 1941 à 1944, intervenant toutefois juqu'à cette date dans l'orchestre de TOUZET.
Photographie Collection Nancy Villalobos. |
Diego ne manque jamais une occasion de fréquenter les musiciens américains lorsqu'ils viennent jouer dans les hôtels de La Havane et poursuit ainsi sa formation jazzistique. En 1939 il joue avec "Chico" O'FARRILL et s'intéresse plus spécifiquement au Be Bop.
|
Il est recruté ensuite par les "LECUONA CUBAN BOYS " et en 1945 voyage en Californie, à Los Ángeles pour participer au tournage d'un film. La formation reste un mois dans l'ouest des Etats Unis jouant dans plusieurs villes. Diego, au milieu de 1945, quitte la formation avec son ami Guillermo ÁLVAREZ, lui aussi batteur et qui comme Diego maîtrise parfaitement les percussions cubaines : bongó, congas … |
Leur projet est de rencontrer les Be Boppers de la 52° Avenue. Dès leur arrivée à New York ils se présentent au Three Deuces. Malgré l'obstacle linguistique Diego et Billy parlent avec "Dizzy" et lui demandent s'il peuvent jouer avec lui et Charlie Parker. "Dizzy" les invite à aller chercher leurs instruments, un bongó pour ÁLVAREZ , une tumbadora pour Diego. C'est la première fois que les deux jazzmen américains jouent avec des percussionnistes cubains.
Audition pour une émission de radio américaine, 1947. |
L'expérience est positive et se renouvelle plusieurs fois. Lorsque quelques semaines plus tard Gillespie part en tournée, Diego poursuit sa collaboration avec Charlie Parker et son quintet, au Three Deuces, avec Miles Davis, Max Roach..., remplaçant Max lorsque celui-ci était indisponible.
|
Parker partant vers la Californie, Diego IBORRA reste dans la Big Apple et, fort de ces dernières prestations, il trouve à jouer avec d'autres formations de jazz comme les « Cuboppers » de Cozy Cole. Il fait aussi des remplacements notamment dans l'orchestre de Count Basie et joue aussi dans l'orcheste de Emilio de los REYES. Diego retrouve souvent Miles Davis au Small Paradise à Harlem; Parker dans divers clubs et pour l'enregistrement de "Repetition" au Carnegie Hall en 1947 accompagné par la formation de Neal Hefti. Au début de 1949 avec le bongó il enregistre avec l'orchestre de Tadd Dameron "Sid's Delight" et "Casbah". "Fats" Navarro est à la trompette et son compatriote Carlos VIDAL aux congas. A la fin de la décennie et au cours de la suivante les rencontres sont nombreuses. Diego joue ou jamme avec Kenny Clarke au Minton's; Bud Powell, Ray Brown, Billie Holliday au Nick & Arthur; Buddy Rich, Cab Calloway... |
Parallèlement à cette activité de jazzman, Diego IBORRA rejoint aussi des formations latines comme celle de Noro Morales, et surtout celle de son ami Miguelito VALDÉS à partir de 1951. A New York il joue avec lui au Waldorf Astoria, au Palladium et participe avec l'orchestre à une tournée sud américaine débutant en Uruguay. Il retourne ponctuellement jouer à La Havane avec diverses formations. Il joue aussi au Costa Rica, au Mexique.
|
En 1954 Diego IBORRA part à Miami avec une formation latine et finalement reste au Fontainebleau, dans l'orchestre maison, pendant seize ans. Il a ainsi l'occasion d'accompagner Franck Sinatra, Samy Davis, Cab Calloway ... Il participe à des jam's au Jonhina, retrouve le pianiste cubain Paquito HECHEVARRIA qui entre lui aussi dans l'orchestre du Fontainebleau. Diego, drum et Cab Calloway avec la formation de Fred Calo à l'Hôtel Sans Souci. |
Diego IBORRA joue également à Curaçao au milieu de cette décennie et travaille à travers les Etats Unis à la demande, soit comme batteur soit comme percussionniste. Diego IBORRA consacre le début des années soixante-dix à son travail au sein de la formation du Club Boom Boom Room de l'Hôtel Fontainebleau, le "Varadero Sextet". Il intègre durant une longue période le revue de Pupi and Estelle Chao au Cuban Village de Miami Beach avec comme partenaires Bob Greenstein, piano; Mad Mandy, basse ; Nick Prospero et John Georgini, trompettes. Diego a de nouveau la possibilité de jouer avec "Dizzy" durant les années soixante-dix...
Photographies Collection Nancy Villalobos.
|
Au cours des années quatre-vingt Diego alterne son travail de batteur à Miami et celui de school cross guard pour la police de Miami Dade. Il joue dans plusieurs groupes et notamment avec l'orchestre du pianiste et chef d'orchestre Don Ippolito, la formation du Bankers Club. Il voyage fréquemment en Californie où il retrouve son ami Walfredo de los REYES pour des descargas-maison . |
A la fin des années quatre-vingt le pianiste Rolando SCOTT appelle Diego pour organiser un cuarteto avec "Kiki" HERNANDEZ, contrebasse et Gerardo RAVELO, saxophone. Leur contrat de quelques semaines pour jouer à Miami Beach les week end à trois endroits différents dans Colin Avenue, Washington y 21, Ocean y 10 se prolonge prés de quatorze années. Parfois le groupe prend le nom de "DIEGO PLUS THREE" et joue également pour les seniors, fêtes particulières, réceptions, événements...
Diego et le cuarteto avec Rolando, Kiki et Gerardo. |
Avec les années deux mille Diego ralentit son activité et se contente de quelques prestations et quelques clinics. Quotidiennement il travaille son instrument et joue aussi à l'église chaque dimanche comme il le fait depuis une vingtaine d'années. Avec son cuarteto de jazz Diego IBORRA travaille régulièrement pour diverses fêtes privées ou associatives jusqu'à son entrée à l'hôpital une quinzaine de jours avant sa disparition. |
© Patrick Dalmace/ Thanks to Nancy Villalobos
Discographie
sélectionnée:
....Biographies....
|